Roch, âme perdue...

Je rentrais dans la taverne, à cette heure ci elle était calme, seuls les messagers et les soldats en patrouilles la fréquentait.
Je me plaçais dans le coin le plus sombre, à côté de la cheminée où quelques bûches crépitaient.
Même si je ne ressentais plus la douce chaleur de la flamme, j’aimais à la regarder danser et créer ces ombres comme autant de vie qui s’éteindraient avec l’âtre…

De là où j’étais, je pouvais observer l’unique accès à la bâtisse, on ne perd pas certaines habitudes lorsque l'on a été un chien de guerre.



J’ai vécu mille vies mais celle qui est la plus intéressante correspond au moment où je rejoignais les ombres de la nuit.
A l’époque je vivais dans une ferme qui faisait vivre mes parents, mes deux frères et ma sœur.
Nous récoltions de quoi vivre mais aussi pour vendre au marché.
Notre quotidien était une vie de labeur qui commençait au lever du soleil et finissait bien souvent après son couché.
Mes dix sept printemps atteints, je rêvais d’aventure et j’étais prêt à tout pour quitter cette existence qui me semblait si terne.
C’est un jour de marché, alors que je livrais à l’auberge que je parlais pour la première fois à cet homme qui bouleversa mon destin, de par ce qu’il me proposa mais aussi par ce cadeau qu’il devait m’offrir plus tard…

C’était un grand gaillard au visage balafré et au regard gris et terrifiant, je l‘avais déjà aperçu auparavant lui est ses camarades, traînant, abordant les hommes jeunes et solides pour les engager lorsque nous mettions en place nos étales.
Mon père disait de lui et de ses compagnons qu’ils étaient des chiens de guerres.
Je ne comprenais pas ce qu’étaient des chiens de guerres, j’apprenais plus tard qu’en fait leur nom le plus courant était mercenaires, des hommes louant leurs bras armés au plus offrant, acceptant n’importe quelle mission tant qu’elle rapportait de l’or.
Je me prenais souvent à rêver que je les rejoignais, laissant là mon père et me frères pour connaître une vie faite de gloire et de combats.

J’étais donc face au colosse alors que je livrais des légumes à l’aubergiste, je sentais son regard perçant sur moi, intimidé je ne savais quelle attitude adoptée puis me surprenant moi-même, je le regardais droit dans les yeux lui proposant de les rejoindre.

Le géant me jaugea me lâchant :

Sais tu qui nous sommes ? Connais tu ce que je suis et de quoi est faite notre existence ?

Je choisissais de prendre un air décidé et sûr de moi, lui répondant que je savais ce que lui et ses compagnons étaient et ce qui faisait leurs vies.
Il me rappela qu’une fois signé le parchemin, je serai lié à la compagnie de mercenaires tant que le chef ne me libèrerait pas de mon engagement.
Je livrais les légumes, signais le contrat et suivais le mercenaire alors que le soleil n’était toujours pas levé.
Nous montions dans un chariot bâché où attendaient déjà d’autres recrues et durant tout le trajet l’homme ne nous décrocha pas un mot, regardant fixement devant lui.
J'observais les gars que l'homme avait recrutés, il s'agissait pour la plupart de pauvres bougres avinés aux mines patibulaires.
Je commençais à me poser des questions mais il était trop tard...
Je finissais par m'assoupir jusqu'à ce que le chariot s'arrête.

A l’arrivée nous étions présentés à notre capitaine qui nous annonça nos affectations au sein de la compagnie.
C’est avec déception que j’apprenais ma mutation à la popote, chargé d’aider les cuisiniers.
Moi qui rêvais d’aventures et de combats, j’en étais réduit à éplucher des légumes, ma nouvelle vie débutait bien mal…
Je m’acquittais néanmoins de mes tâches, jours après jours, regardant avec envie ceux qui s’étaient engagés en même temps que moi rentrer de l’entraînement et parfois même rentrer de missions.

Après quelques temps, une fois le contrat honoré auprès de notre employeur nous démontions le camp et reprenions les chemins vers d’autres comtés où des rabatteurs nous avaient trouvés d’autres engagements.


Pendant le trajet le colosse qui m’avait recruté s’approcha et à ma grande surprise m’adressa la parole. [/i]

Trouves tu à nos côtés ce que tu étais venu y chercher ?

Je n’avais pas l’intention de laisser passer là l’occasion de dire ma déception suite à mon affectation et aux tâches qui m’étaient confiées.
Je lui disais franchement ce que je pensais.
Il acquiesça d’un signe de tête puis sans un mot rejoignit l’avant de la colonne.

L’homme m’avait intrigué et je me promis de l’observer de plus près pour en savoir plus long sur lui.

Le reste du voyage se déroula sans fait marquant et après avoir pris du repos on remontait le campement.

Je n’avais pas revu le recruteur depuis notre courte conversation et un soir, sorti de nulle part il était devant moi, me tendant une cape noire pareille à la sienne et m’ordonnant de le suivre.
Je ne me faisais pas prier, pressentant que j’allais enfin vivre ce pour quoi j’avais signé à la compagnie.

Un peu plus loin, on retrouvait un groupe de trois types encore plus sombres et impressionnant que le colosse.
Ils levèrent à peine les yeux sur moi et ne répondirent même pas à mon salut.
Il me semblait ne jamais les avoir vu passer au réfectoire ce qui était pourtant impossible, les cuisines étaient le passage obligé, là où chacun se restaurait au moins une fois dans la journée.
Peut être étaient ils des types nouvellement arrivés ou revenu d’une lointaine mission…

Le colosse me tira de mes pensées :

Tiens, j’espère que tu sais monter.

Il me tendait les rênes d’un superbe cheval.

J’acquiesçais, grimpant sur le dos de la monture, trop heureux de pouvoir enfin quitter les fourneaux du camp.

Nous progressions rapidement plein nord vers une destination et une raison que j’ignorais.

Ni les uns ni les autres ne parlaient, ils étaient muets comme des tombes.

Je me prenais à rêver d’une mission secrète menée par une poignée de braves.
Malgré la fierté que j’aurai eu à ce que ce soit vrai, j’étais conscient que je n’étais pas un soldat de métier et que c’était plus pour me sortir de mes cuisines que le colosse m’avait emmené avec son équipe.
Qu’importe j’avais bien l’intention d’en profiter et peut être de trouver l’occasion de faire preuve de ma bravoure si l’occasion se présentait.

L’homme de tête arrêta sa monture, on s’était approché assez, pour progresser en discrétion il fallait continuer à pieds.

C’était ça…Je venais de comprendre, ils m’avaient emmené avec eux pour tenir les chevaux pendant leur mission…

Le géant s‘approcha de moi :

Quel est ton nom petit ?

euh…Roch

Il reprit :

Moi c’est Korhn, Roch tu viens avec moi mais pas un bruit !

J’acquiesçais et lui emboîtais le pas.
Nous avons progressé silencieusement, traversant une zone boisée jusqu’à ce que l’éclaireur du groupe se fige et pose un genou au sol.
Il recula et nous nous rassemblions et à voix basse l’homme de tête donna les indications sur ce qu’il avait vu.
Korhn me fit signe de suivre.
Là où s’était accroupi notre compagnon nous posâmes à nouveau un genou au sol, je pouvais voir la limite d’une clairière, un feu faisait danser des ombres sur les arbres alentours, on percevait les voix graves de quelques hommes.
Un campement de tentes était monté, les hommes autour du feu devait sans doute être la garde.

Le géant me commanda de rester là et d’observer.

Les quatre hommes ont lancé l’assaut sans faire le moindre bruit, je n’osais bouger.
Quand je levais les yeux sur la clairière, les hommes qui discutaient plus tôt étaient au sol, baignant dans leur sang.
Je désobéissais et je m’approchais, attiré par les bruits de lutte et quelques cris étouffés.
Les mercenaires ressortaient des tentes les yeux brillants et un rictus effrayant sur les lèvres.

Je me figeais, inquiet…

Korhn m’appela, je m’approchais :

Qu’est-ce que tu as vu ?

Rien, quand je me suis approché c’était fini, vous étiez dans les tentes.

Bon…Veux tu faire partie de notre groupe ?

Je répondais rapidement que oui.
Le colosse me fixa étrangement :

Tu te doute que nous ne pouvons réaliser ça de manière « naturelle »…

J’imaginais qu’une forme de magie avait été nécessaire et tant pis si je devais subir un rite initiatique ou apprendre des formules en langues anciennes, je voulais devenir un combattant comme ceux du groupe, c’était mon rêve, un rêve de gamin qui sous des apparences anodines allait changer le cours de ma vie de façon irréversible.

Es tu prêt à faire des sacrifices, à changer de vie, à souffrir ?

Oui, j‘étais prêt à tout ça.

Tu ne pourras pas revenir en arrière ensuite, c’est la dernière fois que je te le demande…

J’affirmais à nouveau mes convictions…si j’avais su…

Korhn me fixa avec un regard étincelant, inhumain.
Avant que je ne comprenne ce qui m’arrivait il s’était jeté sur moi.
Encore aujourd’hui je me souviens de la douleur, vive dans ma gorge et cette impression de mourir, le refus de toute mon âme à se laisser partir puis ce moment où la mort m’avait envahi, j’avais atteint la sérénité.

Bienvenue a toi, et tres belle presentation ^^

Sa sera avec un grand plaisir ^^

bienvenue a toi et longue vie chez nous (dsl pour ta presentation je vais etre franc je ne l'ai pas lut trop long et j'ai la fleme)

Oyé jeune sang!!
Moi l' Emaleur trouve que ton verbe est beau!!!
J' espère que tes crocs seront aussi doux au creu de la nuque de tes victimes..
Sur ce...